Laurence Nourisson

 Présentation.    English Presentation

Travaillant depuis 30 ans avec des matériaux rejetés, et exclusivement avec des déchets plastiques depuis 2000. Reprenant les codes des musées archéologiques ou ethnologiques, je mets en scène, dans ma pratique artistique, des fragments trouvés au gré de mes marches. La matière plastique s’est imposée à moi comme le matériau de notre civilisation. Ces restes fragiles, fragments rayés, patinés, souillés, éraflés, brûlés par les éléments et le travail du temps, et ayant perdu toute fonction d’usage et d’échange, s’offrent ainsi au regard sous forme de parures ou d’objets de musée.

Depuis 2013, des installations de moulage ont pris forme,  mon travail procédant par analogie et devant le caractère anthropomorphique de celles-ci ma production s’est renouvelée. L’ironie qui prévalait jusque là s’est effacée au profit d’un regard porté sur les drames humains contemporains. Les moulages de déchets sont devenus les symboles des migrants rêvant d'un monde meilleur et s'échouant sur les plages occidentales. De ces images d'actualité sont nées les dernières installations : mur d’occident, les naufragés ou encore désir d'Occident.

 Désir d'Occident, 2016, moulage de cire et phylactères sur lesquels sont inscrits des paroles de jeunes migrants révélant leur désir. "Je rêve d'atteindre l'Angleterre".

Migrations 2017-2018

Souvenirs des îles

Sous une appellation qui renvoie aux  images touristiques, Souvenirs des îles est une série représentant des cartes d’îles européennes sur lesquelles s’échouent des migrants.

Chaque île est représentée à la fois par un évidemment de la forme cartographique dans un panneau de bois peint en bleu et sur lequel se détachent des fragments de déchets rose, orangé jaunes symbolisant les gilets de sauvetage flottant à la surface de la mer Méditerranée.

Et par la contre forme de la carte suspendue dans le vide où se concentrent des maquettes de tentes réalisées en filtres à café usagés, récupérés.  Les teintes terreuses des camps de réfugiés, répondent aux couleurs saturées des panneaux peints, les filtres à café renvoient à l’attente de ces  territoires du vide, où les refugiés vivent dans un espace concentrationnaire et isolé du monde, enfermé sans espoir de fuite.

Voyage en Birmanie

Le titre générique de la série renvoie aux voyages touristiques. Des photographies d’images touristiques  sont détournées de leur fonction initiale et se retrouvent peintes sur des toiles de lin non préparées puis formées en ballot comme ceux que les Rohingyas transportent dans leur exil. Là encore, l’image idéelle d’un pays touristique se confronte à une réalité violente et terrifiante. Ces ballots abandonnés renferment les objets d’une vie laissée derrière soi.

Le souvenir se meut en mémoire.

De 2007 à 2012, mon travail questionnait la sacralisation du déchet par son changement de statut du fait de son déplacement, du sol au mur, de l'extérieur à l'espace d'exposition, de l'abandon à sa mise en scène, par la présentation comme dans Accords perdus, 2010-2013, objets identifiables, 2011 ou encore Flacons XXIème siècle, Merci Marcel, 2011-2013.

accords perdus, 2010, photo Absum Angel, reproduction interdite.

Objets identifiables, 2011, photo Absum Angel, reproduction interdite.

flacons XXIème siècle, Merci Marcel, 2011-2013

A partir de 2012, avec des pièces de dimensions plus imposantes ( la folie des grandeurs, 2012-2013)

à droite, la folie des grandeurs, 2013. photo Absum Angel, reproduction interdite.

et de plus en plus excentriques, (parures de tête, 2011-2013, tapis d'occident, 2013)

je reconstitue tel un archéologue obstiné, des pièces n'ayant jamais existé à partir de fragments donnés. Cela m'a amené à considérer et à re-codifier un certain discours scientifique accompagnant les pièces archéologiques et ethnographiques des musées, consignant aussi les nouveaux cartels expliquant ces objets aux divers publics. 

Parures de tête, 2011-2013, photo Absum Angel, reproduction interdite.

Tapis d'Occident, 2013, photo Absum Angel, reproduction interdite.

Sont alors apparus les fictions muséales, 2012, pièces faites à partir de déchets trouvés et présentées sur socle, accompagnées de textes fictionnels pseudo-scientifiques. mon travail pénètre ainsi les discours critiques concernant le concept de "restes".

Fictions muséales, 2012

Une série de moulages en cire en 2012, le monde des objets, puis, en 2013avec  série limitée a suivi, interrogeant la reproduction des pièces destinées aux boutiques de musées. c'est d'une façon légère, ironique et colorée de poser un regard sur a préservation de notre patrimoine, la conservation des vestiges, leur présentation et leur commercialisation dans l'espace muséal, avec des oeuvres d'assemblage, de moulage ou installations parfois sonores (des mixages de sons sont réalisés à partir de fragments sonores enregistrés sur les lieux de fouilles), le tout assorti de textes fictionnels. Toute l'institution muséale est alors mise en abîme. 

Le monde des objets, 2012. Photo Ansum Angel, reproduction interdite.

Leitmotiv, l'or du Rhin, (2013) suspension d'une centaine de déchets de flacons plastiques recouverts de cire dorée, (médium qui rappelle la feuille d'or, préalablement envisagée) a été proposée à la Halle des Chartrons à Bordeaux, lieu pour lequel cette pièce fut créée. si le matériau utilisé fait écho à notre sur-consommation rapide d'objets aussitôt jetés, les préoccupation d'ordre écologique qui ont semblé émerger chez certains spectateurs devant cette oeuvre sont secondaires ici. 

Enfin Archivage (2014) regroupe des fragments plastiques disposés dans de petites cases: chaque portion est associée à une référence fictive, montrant notre obsession pour tous classements, référencements, ou cloisonnements des choses et des idées.